avril 1591.                            i43
toutes les cerimonies à ce requises y ont esté très es­troictement et religieusement gardées; et qu'on n'i a rien oublié, mesmes à l'endroit de la belle dame, à la­quelle on a fait prieres, offrandes, voeus, et de très grandes et belles promesses, pour la retenir au parti. Mais soit qu'elle en fust lassé ou autrement, tout en fin n'i a de rien servi : car le vendredi d'après Pasques, dix-neuviesme de ce mois (jour de la reduction de Pa­ris), Chartres fust reduit à l'obeissance du Roy, qui y fist son entrée; et en arrivèrent le lendemain vingtième du mois les nouvelles à Paris.
Le vingt - unième de ce mois d'avril, qui estoit le dimanche de la Quasimodo/tous les curés et prédica­teurs de Paris crièrent fort de ceste reddition de Char­tres : si que par les plaintes et regrets qu'ils en faisoient en leurs chaires, esmouvoient à pitié le menu peuple, et faisoient pleurer à chaudes larmes les femmes, par les piteuses apostrophes qu'ils faisoient à Nostre. Dame, laquelle ils prenoient comme à partie, lui reprochant de les avoir laissés au besoin, nonobstant tant de belles prieres, presens et offrandes qu'ils lui avoient fait. Mais en fin tous ces regrets et complaintes tournèrent en fu­reur contre les politiques, qui disoient estre cause de tout le désastre. Boucher prescha qu'il les falloit tous tuer et assommer; Rose, qu'une saingnée de Saint-Ber-thelemi estoit necessaire, et quil falloit par couper la gorge à la maladie; Commolet (0, que Ia mort des politiques estoit la vie des catholiques; le curé de Saint­André, qu'il marcheroit le premier pour les aller égor­ger où il scauroit qu'il y en auroit : exhortant tous les bons catholiques à en faire de mesme; le curé de
(-) Commolet : jésuite.
Digitized by